L’ULTRA-TRAIL de L’ÉCHAPPÉE BELLE (Massif de la Belledonne) – 2018
PROLOGUE :
Le 20 août 2018 8:28 PM, « julien mathieu » écrit :
Salut à tous, voilà la prépa est terminée!! Dans 11 jours je serai dedans. 9 mois de préparation. Il faut ça pour un laborieux comme moi, genre « si tu ne peux exceller par le talent, alors, triomphe par l’effort! ». Vous en voulez une autre? « la force ne vient pas d’une capacité physique, mais d’une volonté indomptable ». Et puis aussi……non! Dans l’ensemble il n’y a pas eu de gros soucis. Je croise les doigts pour les 10 jours qui arrivent. Ça va me faire drôle de ne faire que des sorties d’1h max 😉 . Mon bilan des neufs mois de préparation : 20 h de gainage ; 26 h de musculation ; 59 h de vélo (1000 kms et 9600 D+) ; 183 h de course à pied / rando trail (1200 kms et 48 500 D+).
Avec ça je suis sensé (et je le pense) être prêt physiquement. Le moral est bon aussi. Depuis peu quand même, car j’ai été pas mal embêté ce dernier mois (fatigue et tendon d’Achille). Mais ça rentre dans l’ordre.
Coté staff, il y aura mes parents qui me suivront ainsi que mon frère sur les différents points de ravitaillement et en parallèle, Delphine sera sur le 85 km (départ le samedi 6h). Sinon j’aurai mon portable avec moi mais en mode avion. Je ne l’allumerai que rarement sur certains ravitos. Donc oui pour des messages si vous voulez (ça me fera du bien c’est sûr!!!), mais pas tous les 5kms non plus ……
Voilà, il n’y a plus qu’à………. place à l’histoire.
L’HISTOIRE :
31/08/18 – 5h59. Me voici sur la ligne de départ, prêt à m’élancer pour « mon » Échappée Belle. J’avoue, je verse quelques larmes en toute discrétion, qui enfin, me permettent d’évacuer les 9 mois de préparation, de sacrifice et concession et de basculer vers ce moment tant attendu : la course ! J’y suis !
Les 2 jours et 2 nuits qui suivent, je ne peux pas vraiment vous les décrire en détail. L’ultra, c’est hyper personnel. Chacun l’aborde et le vit comme il veut ou peut selon les éléments météo et les faits de course ! Néanmoins, factuellement, j’ai passé un peu moins de 48 h dans le brouillard, les nuages avec des températures de l’ordre de 15 degrés en bas (Alt 500 m) et négative en haut (Alt 2900 m)!
A la première base vie, après 17h30 de course, j’ai failli jeter l’éponge car nous venions, avec les autres fous qui m’accompagnaient, d’essuyer une grosse perturbation météo à 2500 m d’altitude (vent, grésil, pluie, températures négatives…) sur un terrain hyper technique qui plus est. Après 1h30 de repos, et une discussion pragmatique avec mon frère, je suis reparti ! Avec cette sensation qui commence à naitre intérieurement, km après km, que l’idée d’abandon laisse la place à la réussite. Çà, c’est jouissif…
Factuellement encore, le massif de Belledonne est extrêmement technique. Vous êtes au royaume du cailloux sous toutes ses formes, des pentes raides et de la monotrace hors sentiers ! Un coureur du 85 km (du top 10 même) et habitué de Belledonne puisque vivant au pied du massif, me fera cette remarque : « A Belledonne, il n’y a pas de campeur en ballade !! ». Tout est dit je trouve… Je confirme, c’est un massif qui ne laisse pas de place à l’à peu près.
Bref, après « grosse rando engagée » de 144 kms – 11 000 D+, et, 46h 46 min et 15 sec, FIN de l’histoire !!! Je pleure encore, dans les bras de mon frère, je m’allonge par terre et ai, cette impression de vide et de plénitude extrême, dont je n’ai pas souvenir d’avoir vécu la même intensité depuis des années !!!
Je sonne la fameuse cloche ! C’est validé, je suis FINISHER….Puta… de bordel de m…. !!!! A Belledonne qui plus est ! C’est comme gravir l’Everest sans passer par le Mont Blanc, ou bien commencer la lecture par du Marcel Proust, ou bien encore….. non !
ÉPILOGUE :
L’ultra en montagne c’est magnifique. 15 jours après je commence à bien savourer et être dans une forme d’euphorie. J’ai déjà envie d’y retourner. J’ai même déjà mon prochain en tête ! Mais les mois de prépa me rebute !! Et puis le corps en prend un sacré coup quand même ! Il faut être vraiment prêt ! Physiquement et psychologiquement. Car la douleur on la ressent, elle est là, inévitable ! La souffrance elle, est facultative ! Je vous laisse méditer la dessus…. Élément essentiel aussi, mon assistance de choc pendant la course. Mes parents et mon frère. Ils sont indissociables de ma réussite. Je ne souhaite pas en dire beaucoup plus. Pour moi c’est un petit exploit. Il y a 3 ans je sortais d’une opération et naviguait dans les eaux troubles de ma maladie.
Aujourd’hui, je suis Ultratraileur.